Il existe un consensus parmi les chercheurs et praticiens que les concours d’architecture et le processus de conception intégrée (PCI) contribuent à la qualité du cadre bâti.
Le processus de concours de design (architecture, design urbain, architecture de paysage) a pour intérêt de favoriser l’exploration créative. Les concours représentent, pour une municipalité, une démarche ouverte et transparente, où la sélection des professionnels ne se fait pas sur une base pécuniaire (comme lors d’un appel d’offres) mais sur celle d’un concept et d’une équipe de professionnels pour le réaliser. Les concours laissent place à des solutions originales et permettent l’exploration d’options audacieuses, ce qui peut enrichir le débat public sur l’aménagement et le cadre bâti.
Le PCI cherche à faire converger le donneur d’ouvrage, les professionnels, les entrepreneurs et les usagers dans un processus de co-conception. Cette méthode facilite la collaboration entre les acteurs du projet, aide à réduire les erreurs de conception, favorise l’innovation, réduit le risque de conflits entre parties prenantes, et contribue à la recherche de solutions concertées.
De plus, la participation des usagers, des occupants et des citoyens est fondamentale pour la réalisation de solutions qui soient véritablement pertinentes pour les plus concernés. Elle est aussi cruciale pour harmoniser les solutions techniques avec les attentes et les besoins des usagers, et pour intégrer des informations et des expertises susceptibles d’enrichir les solutions d’aménagement. De plus, plusieurs considèrent que la participation du citoyen est indispensable pour animer les débats de société et pour consolider des valeurs démocratiques. Enfin, la participation, la collaboration et les concours alimentent la réflexion des professionnels et des non-experts, et permettent de remettre en question les pratiques et les principes conventionnels. Tout cela se traduirait en un aménagement de meilleure qualité.
Cependant, autant les praticiens que les chercheurs remarquent que les concours et le PCI sont souvent difficiles à intégrer dans un même projet — d’autant plus lorsque s’ajoute la participation des citoyens. Les concours, par définition, tendent à isoler le processus créatif et favorisent le développement de solutions sans qu’il y ait de véritables discussions avec les parties prenantes. Certains considèrent aussi que des processus de participation et de collaboration mal réalisés diluent la force du « concept créatif » et nuisent à la création de solutions plus audacieuses (La blague du dromadaire - le cheval dessiné par un comité - est souvent mobilisée pour exprimer les défis de concilier « pureté de conception » et collaboration).
Pour certains professionnels et chercheurs, les concours de design ne vont pas dans le sens des principes d’ouverture, de dialogue et de concertation qui caractérisent le PCI et les processus de participation du citoyen. Chercheurs et praticiens ont parfois aussi constaté que le PCI, les concours et les processus participatifs demandent énormément de ressources, retardent les phases des projets, et simplifient les débats techniques qui sont parfois nécessaires. Ces méthodes deviennent donc parfois frustrantes pour les participants. La participation du citoyen devient parfois symbolique et crée un sentiment de confrontation entre le citoyen et les instigateurs du projet. Certains professionnels considèrent aussi que le besoin d’intégrer un nombre croissant d’acteurs ayant des connaissances variées fait en sorte que les ateliers de PCI sont parfois des exercices de discussion superficiels, incapables de résoudre de façon efficace les enjeux techniques du projet. Certains architectes déplorent que le PCI dilue leur rôle de « chef d’orchestre » et d’intégration. Enfin, il y en a qui déplorent que les exercices collaboratifs et participatifs tendent à partager le rôle de la conception, alors que les architectes et les ingénieurs conservent la responsabilité professionnelle et civile de l’ouvrage.
Les contraintes institutionnelles sont aussi multiples. Les exigences pour l’octroi des contrats publics, par exemple, rendent parfois difficile la création d’équipes intégrées, fragmentent le processus, et favorisent un climat de méfiance entre les acteurs. La loi du plus bas soumissionnaire nuit à la qualité de plusieurs façons. Le manque d’intégration et de collaboration entre les services et les divisions au sein du donneur d’ouvrage rend difficile la continuité des idées et des méthodes. La fragmentation de l’industrie de la construction, où un grand nombre d’acteurs travaillent en silos, empêche parfois la continuité des processus. Enfin, certaines formes de paiement pour les professionnels (par ex. les forfaits) découragent l’engagement continu dans de longs processus collaboratifs et participatifs.
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